Entraînement Course à pied

Trail des fonds de Cayenne 2019

Contexte:
Annoncé depuis plusieurs mois, à l'occasion de leur dixième éditions, les organisateurs du trail des fonds de Cayenne mettent une distance marathon pour la première fois. Plusieurs mois à l'avance, ça laisse beaucoup de temps pour se préparer. Alors je garde cette épreuve dans un coin de ma tête. En fonction de ce que l'on fera cet été j'irai ou pas sur cette épreuve qui me fait envie. Je souhaite me tester sur des distances supérieurs, je mettais arrêté sur vingt-quatre kilomètres au chocotrail. La distance marathon! Un palier à franchir, l'idée est présente, mais je sais qu'il faut que je sois accompagné sur cette distance. J'en parle à mon père, il semble d'accord pour m'accompagner, on attendra quand même le mois de mai pour s'inscrire. 
Au niveau de la préparation, j'ai commencé véritablement courant juillet. Mon dernier abandon à Pont-Audemer m'a vraiment mis un coup psychologique. La motivation n'était plus présente. Beaucoup de remise en question. Première sortie longue début août, elle m'a fait du bien. Puis ascension du Tourmalet avec mon père qui nous a permis de faire ce qu'on appelle un entrainement "croisé". C'était aussi l'un de mes objectifs de l'année.
Puis départ au Portugal, là j'ai rien foutu... La lose total! Deux semaines... Bon dés le retour j'y suis retourné. Et même un lendemain de fête avec plus de vingt bornes sans avoir pris de quoi me ravitailler (même pas de l'eau... Bon j'avais pas mal de restes lol). Arrive vite le week-end de course... J'appréhende, mais je veux juste finir!

Jour J:
Réveil 6h35, le temps de prendre deux trois bricoles à manger et je descend dans le garage me préparer. Mon père est déjà là. Bon, on discute tout en me préparant. J'essaye de ne rien oublier. Sauf qu'une fois en route, j'aurai oublié ma ceinture porte dossard et des affaires de rechange... Zut! Arrivé sur place. Pas grand monde pour ce marathon, cent cinquante à peu près. Retrait des dossards facile puis retour à la voiture posé ce qui ne nous sera pas utile à la course. Retour sur le site de l'épreuve pour le briefing. Annonce du speaker, cent cinquante six inscrits, ce qui me semble peu, deux boucles à effectuer au lieu d'une dans le parc, pas génial mais pas le choix si nous voulons passer les 42km (sinon il y avait moins apparemment) et une barrière horaire (ah!), treize heure au ravitaillement de Herbeville. Petit calcul vite fait, ce devrait être largement bon avec la moyenne à huit minute au kilomètre envisagé. Puis nous nous rendons sur la zone de départ. J'enlève ma veste coupe vent cette fois, il fait suffisamment bon. Et le speaker nous lance: "c'est parti"

La course:
Plutôt timide ce départ, tout le monde se regarde, puis les premiers partent et nous suivons. Première boucle dans le parc, tout le monde est groupé, je check un coup derrière, nous sommes dans le dernier "pack" ce qui m'étonne, car malgré mon envie de faire un départ prudent, nous sommes quand même à 5min30s au kilomètre (soit 11km/h). Je m'attendais à être plutôt dans le troisième quart environ. Bref, deuxième tour et ça commence à se clairsemer, les encouragements sont sympathique mais trop éloigner des autres courses pour que les coureurs d'avant soient présent, dommage. Et là débute la montée. Je veux gérer mais mon père imprime le tempo, et il me semble un peu élevé. Nous entamons la montée vers le haut de la forêt. Le problème est que la montée n'est pas assez sèche pour marcher, donc j'ai longtemps hésité (trop peut-être) à baisser le rythme. J'alterne course (dés que c'est moyennement plat) et marche (quand le cardio monte trop haut et que c'est trop pentu) car lorsque je regarde ma fréquence cardiaque, je suis à 178 BPM... Ce qui est trop pour de l'endurance. Le petit rythme se cale, les positions ne bouge plus trop. 
Petit passage le long des champs avec vue sur flins, et des coups de feu en fond sonore... La chasse est doit être rouverte... Pas cool, surtout que parfois les chasseurs seront vraiment proche... On évite de penser à l'accident. Vient le premier "mur" à monter, c'est raide! Surtout qu'on a le faux plat d'avant dans les jambes, légèrement technique. Onze kilomètres déjà, le début passe vite, et je fais un décompte dans la tête : 25 % d'effectuer. Puis mon père prend vingt à trente mètres d'avance, ce qui nous évitera de parler, et mon esprit commence à vagabonder. Dans ces moments là je me dis que je suis bien, et que c'est jouable. Sauf que c'est une ligne droite à n'en plus finir (2km), sans technique et légèrement montante (vraiment léger) et je commence à ressentir des petites gênes un coup là puis autre part, bref j'ai hâte de changer de chemin. Kilomètre quinze, on repasse devant une maison qui semble abandonner, on y était passé à l'aller, on se dit qu'on est sur le retour de la première petite boucle. 


ça redescend, un champs, un passage de route avec juste une petite descente où je dirait à mon père : "celle là je risque d'avoir du mal à la descendre après quarante bornes"... Je ne croyais pas si bien dire... Bref, retour par le petit plan d'eau et le tunnel, nous refaisons la boucle, dix sept kilomètres et toujours pas le ravito. Je comprends qu'avec la boucle ajoutée, tous les ravitos seront décalés. Nous y serons au dix-septième et demi du coup. Ravito qui fera du bien, une concurrente arrêtera sa course ici. Je prendrai des abricots secs, surtout en réserve dans les poches, un bout d'orange, deux verres de coca et un verre d'eau badoit. Je préviens mon père et je repars en marchant. J'entends des "allez Poissy" qui font toujours plaisir! Passage dans la ville de Flins, et direction Bouafle par un chemin entre champs et forêt. Arrivé à Bouafle, c'est mort! Commerces fermés, pas ou très peu de gens dehors, je lâcherai à mon père: "Ce n'est pas Chamonix ici!", et les petites rues avec à chaque fois des bénévoles qui nous indiquaient le chemin. Sortie par les champs. ça commence à m'ennuyer ces champs, d'autant qu'un tracteur est passé par là. Traversé le la grande départementale, et nous remontons vers le plateau. Vingt-deuxième kilomètre, la deuxième partie de la course va commencer pour moi. Longue montée finalement vers le plateau où nous discuterons avec un concurrent qui c'était trompé de chemin. Une fois en haut, nous trottinons, et redescendons par un chemin déjà emprunté. 
Je sais qu'après ça remonte alors j'en profite, mais je ressens de la fatigue, ce n'est plus comme la première fois. Le cap des vingt-quatre kilomètres est franchit (et plus de trois heures de courses), je suis sur ma plus longue course jamais faite avant. L'inconnu est à suivre. A nouveau le faux plat montant légèrement technique avant la bosse raide. Mon père prend de l'avance, vingt trente, puis facilement cinquante après la bosse. Je commence à être dans le dur. Je ne l'aperçois plus et je commence à souffrir mentalement et physiquement. Les jambes font mal. Mon père m'attend et juste après nous voilà sur le plateau des Alluets. Le vent fait son apparition sur les portions exposés, et au loin on peut voir les nuages noirs arrivés. ça sent pas bon... Des champs, du plat, du vent... à vélo je veux bien, mais à pied c'est usant... je n'arrive même plus à courir, j'ai remis mon coupe vent. impossible d'avaler quoique ce soit, j'ai même eu un début de nausée à un moment. A ce moment je doute vraiment, que faire au ravitaillement du 31eme kilomètre... J'ai dû faire une erreur, pas assez bu? manger? trop vite au départ? Par deux fois je m'arrête pour faire détendre mes jambes, m'accroupir légèrement. trente kilomètres, midi, je demande à mon père ce que je fais et il me dit "si tu t'arrête, je m'arrête aussi" Aie. ça faisait longtemps qu'on avait vu personne, et là on nous double, deux filles dont une me glissera un "courage!". Mais que ça fait mal de les voir bien comme ça et moi complètement à la ramasse... Dans ma tête à 90% j'arrêtais la course au ravitaillement. Je réalise cependant qu'il faut rajouter un kilomètre et donc que le ravitaillement se trouve plus loin que prévu. La petite descente avant me fait du bien, et je reprends confiance à courir. Jusqu'à Herbeville et sa petite montée avant le ravito. Midi trente cinq, finalement pas si large que ça, je bois et me force à manger. Je reprends des force, je regarde mon père et lui demande ce qu'on fait. Il parle avec les bénévoles, d'autres concurrents arrivent. Je suis appuyé à la barrière, je repense aux semaines passées, la prépa, l'annonce de la course à tout le monde, à la marche de ma petite femme sur Paris-Mantes qui était aller au bout (et au bout d'elle même). Il ne reste que dix kilomètres, c'est quoi dix kilomètres ? Nous voilà dans la troisième partie, la pluie fait son apparition au moment où nous repartons, comme un signe. Bizarrement je me sens bien sous la pluie, j'avais le coupe vent, je met ma casquette maintenant car la pluie est forte et ça me permet d'avoir le visage protégé des gouttes. Encore une grosse montée, heureusement que ce n'est pas encore boueux, sinon je ne sais pas comment nous serions monté sinon. Retour sur le plateau, je peux toujours alterner marche et course mais pas très longtemps. Traversée des champs avec toujours du vent, mais la pluie s'en est mêlée, pas possible de courir tant qu'il y a du vent. Ce sera passé plus vite cette fois. Descente vers Bazemont, la cinquième heure de course est passée, traversée du village et descente par les champs, longue ligne droite, qui tirera sur les jambes. trente huit kilomètres, mince, ils sont passés vite ces six kilomètres. Puis cela remonte. Outch! Les douleurs reviennent. La montée est difficile, je souffre, heureusement qu'il reste environ trois kilomètres à peine (et j'espère pas plus!). Retour en forêt et un groupe de randonneurs (bien couvert!) que nous croiserons nous demanderons ce que nous faisons, et l'un d'eux dira: "vu vos têtes, vous ne devez plus être loin de l'arrivée", sur le coup je ne savais pas trop comment le prendre. Le chemin commence à me parler, je suis sûr qu'on est déjà passé par là, et après un croisement il s’avérera vrai, puisque il y avait une flèche dans l'autre sens pour tourner. 
On atteint la maison abandonnée.
40eme kilomètre, photographe: mon père
Quarante kilomètre de passés, à y réfléchir je me dis que c'est énorme quand même! Courir même en descente est compliqué, l'adducteur fait plus que me chatouiller, mon père imprime un rythme en marchant que je peux suivre en alternant marche et course, je lâche un peu en marchant et revient en courant. Seul solution pour rester au contact, la marche rapide je n'y arrive pas. Quarante et un, toujours en forêt, je commence à m’interroger si ce ne sera pas plus long que prévu... Descente par le champ, qui parait plus long que tout à l'heure au seizième, traversée de la route, et oh! la descente sur l'herbe... Aie! Mais ça passe. Plus très lucide, le balisage un peu limite, léger doute sur le chemin, mais nous retrouvons le petit plan d'eau, puis le tunnel, On en voit le bout! Descente dans le parc, on ne sait pas trop où aller, on file tout droit, accueilli par le speaker, et tous les bénévoles quittent leurs postes et nous font presque une haie d'honneur, qui fera énormément plaisir ! Nous franchirons l'arche ensemble

Bilan:
6h10 de course, une 126 et 127eme place sur 129 arrivants
J'ai beaucoup repensé à ce que je m'étais dit, de ne pas dépasser les quinze kilomètres en trail, surtout lorsque j'étais dans le mal. Mais bizarrement avec le recul, je me dit que c'est faisable encore une fois, mais cette fois dans une autre région avec des choses à voir (idéalement en montagne). Une grande satisfaction et une fierté d'être arrivé au bout tout de même, j'ai pu découvrir une épreuve de longue durée, où il peut y avoir des hauts et des bas.
Ensuite, j'ai repensé à mon envie de me lancer sur le triathlon longue distance, c'est un grand défi, et je souhaite vraiment y réfléchir et ne pas me lancer sans comme ça et arriver sous entraîné. A discuter donc avec les gars du club qui s'y sont lancé l'année dernière, et les entraîneurs.
Prochaine épreuve le triathlon de Saint-Germain en Laye, pour l'association de la lutte contre la mucoviscidose, des distances type S.


Matériel utilisé:
Chaussures Adidas kanadia trail Tr7
Chaussettes compressport
Cuissard BV Sport Trail
Short running kalenji
Maillot vélo Poissy Triathlon
Coupe vent b'twin
Camelbak Kalenji avec poche d'eau 2l qui m'aura fait tout juste cette course
2 Barres céréales
Casquette vélo
2 gels (non servis)